Compte personnel de formation : le bilan

Compte personnel de formation : un bilan qui inquiète les professionnels du secteur

Mis en place en janvier 2015, le compte personnel de formation (CPF) suscite la grogne des organismes de formation. La raison : une procédure complexe qui limite le nombre de dossiers éligibles.
Institué par la loi du 5 mars 2014 sur la formation professionnelle, le CPF, entré en vigueur en janvier 2015, inquiète les organismes de formation. Ce nouveau dispositif qui permet au salarié ou au demandeur d’emploi de gérer sa formation professionnelle de façon autonome tout au long de sa carrière affiche après trois mois d’existence un bilan mitigé.

Un bilan qui suscite des inquiétudes
Selon le journal Le Monde, 1,4 million de personnes ont ouvert un compte personnel de formation mais sur les 47 035 demandes déposées, seulement 987 ont été validées. « Sur les 23 millions de salariés et demandeurs d’emploi pouvant activer leur compte, un seul individu a pu bénéficier d’une seule formation au titre du CPF », s’inquiétait par ailleurs la Fédération de la formation professionnelle (FFP) dans sa lettre au ministre du Travail, François Rebsamen, le 9 avril dernier. Selon elle, le droit individuel à la formation (Dif), dispositif précédent, permettait quant à lui «  le départ de 50 000 à 60 000 personnes en formation chaque mois ».
Pour expliquer ces mauvais chiffres, la FFP met en avant « la complexité des nouveaux dispositifs mis en place sans qu’aucune période transitoire n’ait été prévue. » Inquiets par les résultats du CPF, des professionnels de la formation ont créé le mouvement des Hiboux et lancé une pétition le 27 avril, demandant au ministre de faire évoluer le dispositif.

Une procédure complexe
Pour faire une demande de formation, le salarié ou demandeur d’emploi doit s’inscrire sur le site www.moncompteformation.gouv.fr mais d’après le site www.cpformation.com (qui a initié le mouvement des Hiboux), plusieurs personnes auraient rencontré des difficultés pour s’enregistrer (lien inactif,  inscription impossible…).

Autre pierre d’achoppement : les formations prises en charge par le nouveau dispositif. Alors que pour le Dif, les demandes pouvaient porter sur un panel très large de formations, dans le cadre du CPF, il existe des restrictions. Les formations éligibles doivent permettre d’acquérir des connaissances de bases (en anglais ou en mathématique par exemple), accompagner la validation des acquis de l’expérience (VAE) ou aboutir à une qualification (diplôme, titre, certification…). Ces formations doivent être validées par le Comité paritaire national de l'emploi et de la formation (Copanef) en fonction des listes transmises par chaque branche professionnelle. Or, la réalisation de ces listes et leur validation prend du temps. Conséquence : certaines formations ne figurent pas encore sur le site du CPF. Quant aux formations en langue étrangère, elles étaient également exclues du dispositif, mais ont été ajoutées depuis.

Une baisse du chiffre d’affaires pour les professionnels de la formation
D’après la FFP, qui représente 150 000 salariés, les problèmes liés à la mise en place du CPF ont fait chuter le chiffre d’affaires des professionnels de la formation de 15 % au premier trimestre 2015. Pour remédier à ces problèmes, la FFP, par la voix de son président Jean Wemaëre, demande au ministre des mesures concrètes et en premier lieu de « rendre rapidement le portail www.moncompteformation.gouv.fr opérationnel » et suggère de simplifier « le montage d’un dossier CPF  […] pour tenir la promesse annoncée et permettre à chacun de construire de façon autonome son parcours de formation ».


Sources :
- « Le compte personnel de formation a-t-il un avenir ? », Anne Rodier, Le Monde Économie du 18 mai 2015 - www.lemonde.fr
- La lettre de la FFP au ministre du Travail François Rebsamen du 9 avril 2015 – www.ffp.org





Aucun commentaire: